Hugimugi - Prologue

PROLOGUE

Ficta voluptatis causa sint proxima veris.
(Fictions meant to please should approximate the truth)

???
XX XX XXXX

Des rires.
« Cela ne vous concerne pas. »
L'homme reçut une tape sur l'épaule.
« Vous êtes un bel inconnu, un spécimen en voie de disparition », susurra une voix. « Votre visage grave couvre bien des secrets. Tout récit partira aux oubliettes de toute façon », renchérit une autre.

« Ce n'est pas une raison. »
Le paysage défilait lentement. Cela faisait désormais plusieurs heures qu'il côtoyait ces harpies, dont la curiosité n'avait d'égal que leur appétit. Il n'oublierait jamais leurs visages. Athanasia, Trejú, Vai.

Parmi les passagers de la charrette, un retira son capuchon.
L’homme savait que son visage lui était familier, pourtant il était impossible de lui attacher quelconque nom, quelconque lieu, quelconque signification. C’était une sensation très étrange. L’étranger lui sourit.

« Nos chemins se croisent.
- ...
- Voyons, ce n’est pas la peine de me snober, plaisanta l’inconnu.
- Faites moi grâce de votre parole. Tout ceci est de votre faute », répliqua sèchement le voyageur. Silence. Le bois gondolait sous leurs pieds.

Son interlocuteur prit un air faussement outré. Il ferma les yeux, pensif.
« Peut-être bien que oui. Ou peut-être bien que non. Qui sait. »
Le joyeux individu se tourna vers la scène.
« Eh bien, il semblerait que nous ayons de la compagnie ! » s’extasia-t-il. « Soyons courtois, ils méritent bien d’ouïr une petite histoire ! »

L’audience applaudit, bon public. Certains restèrent impassibles. D’autres ne savaient tout simplement pas comment réagir. Les trois harpies avaient déjà disparu.

« Si un événement a eu lieu, c’est qu’il est possible, reprit-il. Mais tout est possible par essence. Donc tout a déjà eu lieu. Vous me suivez ?
- ...C’est un raisonnement bien fallacieux, tout comme vous. »

Il l’ignora.
« Ainsi, je pourrais décrire n’importe quoi, car tout récit est possible. Parfois même vrai. Nous distinguons, parfois à outrance, biographie et comédie. Mémoires et nouvelles. Mais, me demandez-vous, et à juste titre, qu’est ce qui donne la valeur aux choses ? »
Il claqua des mains.
« Hé bien laissez-moi vous le dire avant de vous laisser le temps d’y réfléchir ! Car je suis malheureusement limité par le papier », maugréa-t-il. « Il s’agit bien de quand la distinction entre fiction et réalité, possibilité et vérité n’a plus lieu d’être. »

Il se retourna encore une fois, comme si d’autres entités, peut-être autres que le public, l’observaient.
La charrette fit halte. L’auditoire se tut. Le temps s’arrêta.

« Si vous me le permettez, mesdames et messieurs, j’aimerais vous conter un tel récit. »


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